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 Kenzo

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Guilaad
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Date d'inscription : 02/12/2007

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MessageSujet: Kenzo   Kenzo Icon_minitimeDim 14 Aoû - 22:39

Kenzo sortit de l’abri en grimpant l’échelle rouillée. Un geste habituel, presque banal, pourtant chaque fois il ne pouvait s’empêcher de penser que si il était là sur cette échelle c’était parce que ses aïeux et bien d’autres avaient mis la terre à feu et à sang pour satisfaire leurs envies destructrices de pouvoir et d’argent. Sa tête émergea du sol quelques secondes plus tard et il s’extirpa hors de ce trou rond dans le sol. Le soleil comme à son habitude était haut dans le ciel sans aucuns nuages à l’horizon. Il referma le hublot de fer et mit du sable par-dessus pour dissimuler sa cachette. Dans ce monde dévasté chacun était en droit de réclamer et de voler ce qui appartenait aux autres, alors il était mieux pour tous qu’il prenne soin de ne rien montrer de ce qu’il avait.
Le jeune homme couvrit rapidement le sommet de son crâne d’un chapeau peu esthétique puis mit ses lunettes de soleil pour que le soleil ne lui brule pas la rétine. Il soupira et passa ses doigts dans les poches de son pantalon, un vieux jean d’avant guerre qu’il avait récupéré en fouillant un supermarché. Son haut n’était autre qu’un gilet kevlar fin accompagné d’un holster où il mettait deux couteaux de combat. Ses cheveux blancs dans la longueur depuis les racines et rouges sur environ cinq centimètres sur les pointes couvraient ses épaules et son dos. Son visage était allongé. Ses pommettes saillantes, sa mâchoire carrée et sa barbe taillée en collier lui donnaient un air viril et ténébreux. Ses yeux pourpres, dont la couleur était due à ses affiliations à la magie, faisaient généralement un effet impressionnant chez les gens normaux. Il pouvait grâce à eux passer la moindre de ses émotions de la manière la plus fine et la plus discrète possible. Ils étaient un atout de choix pour la conviction mais aussi l’intimidation et la séduction. Son corps entier était d’un brun chaud et doux qu’il tenait de son exposition au soleil et aux restes chimiques des bombes qui s’étaient abattues des années auparavant sur ce qui avait été la France. Son physique en accord parfait avec ses conditions de vie présentait une musculation assez développée quoique discrète.

Son regard se posa un instant sur les alentours de son « chez soi » comme il aimait l’appeler. Le désert avait gagné toute la partie Sud de l’ancienne Europe et avait même recouvert la Méditerranée qui n’existait plus que dans les songes des vieux. Le désert s’étendait de l’ancien Sahara aux racines sud de l’Auvergne. Il habitait à l’extrême limite entre le désert de sable, une immense plaine de roche et les anciens puys vallonnés qui s’étaient couvert d’une végétation basse mais drue. Il était monté une fois beaucoup plus au Nord où il avait pu observer les débuts d’immenses forêts équatoriales bien que clairsemée. Il était aussi allé vers les Alpes qui n’étaient plus que des immenses cailloux ardents qui rougissaient sous le soleil constant. Il connaissait vaguement l’ancienne géographie grâce à quelques connaissances (dont on reparlera surement) mais seulement celle de l’Europe. Il n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait trouver sur les autres continents se demandant même s’il était possible que la vie civilisé y existe encore : il devait bien y avoir un gagnant dans cette ancienne guerre. Un gagnant qui avait réduit ces terres en désert humain et aride sans se soucier des survivants. On lui avait aussi raconté que bien plus au Nord, vers l’ancienne Grande Bretagne se trouvait quelques restes de La Manche et si l’on parcourait le territoire de la reine jusqu’en haut on pouvait voir l’océan Atlantique du nord, qui grâce au froid et à sa taille avait résisté. Il avait envie d’aller voir là bas mais aussi de visiter la péninsule Ibérique qui était devenue un désert et les plaines de Russie qui selon des légendes étaient devenue d’immenses toundra à cause d’un hiver post-nucléaire.

Kenzo porta ses doigts à sa bouche et siffla un cours air doux et mélodieux. C’était leur signe à eux deux. Le son ressemblait à celui d’un oiseau pourtant seuls les plus attentifs pouvaient y voir la fine différence. C’était surement pour cela qu’il aimait beaucoup cette façon de l’appeler. Lui c’était Sobe un bzadra. Il ressemblait à un grand cheval de plus d’un mètre quatre-vingt dix au garrot très fin il serait passé pour maigre aux yeux des cavaliers de l’avant guerre. Sa robe était parfaitement noire sans aucune trace d’autre couleur comme tous ceux de sa race. Sa tête fine et convexe semblait très osseuse. De sa bouche à la peau légèrement rouge sortaient deux grands crocs beaucoup plus grand que le reste de sa dentition encore plus pointue. Son toupet et sa crinière n’étaient, il avait à la place de long pic fait d’une corne dont la couleur grise rappelait le métal. Sa queue non plus n’était pas composée de crin mais juste d’un appendice de chaire long et très fin qui fouettait l’air rapidement.

Sobe arriva au petit galop et vint s’arrêter devant son maitre en piaffant doucement. Ils se regardèrent droit dans les yeux et en riant tout doucement Kenzo sortit un petit bout de viande rouge d’une de ses poches et lui lança. L’animal l’attrapa au vol et le dégusta tranquillement. Comme son maitre ne semblait pas vouloir monter sur son dos immédiatement il fit le tour de l’abri en reniflant le sol poussiéreux à la recherche d’un quelconque petit animal qui pourrait lui servir d’encas. Il trouva une sorte de petit verre qu’il attrapa d’un coup de dent avant de le mâcher avec un certain contentement affiché dans les yeux. Kenzo sourit et vint près de lui pour passer son harnachement. Il avait toujours été impressionné par l’intelligence que Sobe semblait avoir. Ses yeux profonds et ses mimiques courantes n’y étaient pas pour rien. Il passa le filet de cuir fin sur sa tête et l’attacha assez serré. Il n’utilisait pas de mort contrairement à beaucoup et compensait en serrant le harnais plus fort. Il monta sur son dos à cru caressant doucement les côtes saillantes de son ventre. D’un coup de talon Sobe partit au galop dans le désert.

Ils chevauchèrent un moment dans le désert avant d’atteindre les vallons de l’Auvergne. Désormais ils étaient appelés les collines vertes pour leur végétation drue par rapport au désert. Kenzo permit à Sobe de s’arrêter un peu car il était complètement en sueur. Une mousse blanche sortait de sa bouche et son beau pelage était collant à cause du liquide visqueux. Kenzo lui-même était en sueur, la chevauchée n’avait pas été de tout repos car l’animal avait fait régulièrement quelques écarts pour foncer sur des bêtes sauvages qu’il désirait manger. Avec une poigne de fer il l’avait retenu tant bien que mal sachant qu’il pourrait lui donner à manger plus tard. Le jeune homme rajusta son chapeau sur le sommet de son crâne et regarda les alentours avec un certain air soucieux. Il avait repéré la dernière fois qu’il était passé là à pied une femelle bzadra ce qui risquait de lui porter préjudice. En effet Sobe avait la méchante habitude de courir après tous les membres féminins de son espèce dès qu’il en avait l’occasion. Kenzo n’avait pas fait castrer l’animal en connaissance de cause pour ne pas le faire souffrir mais c’était lui qui finalement pâtissait de ce choix. Comme s’il avait compris à quoi pensait son cavalier le bzadra leva la tête et commença à humer l’air en courbant le dos. Kenzo s’accrocha fermement aux rênes près à l’arrêter si nécessaire mais ce ne fut pas nécessaire car l’animal cessa bientôt son jeu. Il n’avait rien sentit de réellement intéressant aux alentours. Ils repartirent tranquillement au pas vers la ville des nuages.

La ville des nuages située dans une profonde vallée creusée par une puissante bombe était en fait une sorte de village des non-engagés dont les maisons de glaise et de ferraille étaient accrochées à même la paroi abrupt de la vallée. La vallée était en fait une sorte de gigantesque canyon dont les falaises en vis-à-vis n’étaient qu’à une dizaine de mètre l’une de l’autre. Au fond du canyon se trouvait une rivière de produit chimique d’où se dégageait de constants effluves sous forme de fumée et de nuage. Le canyon s’étendait sur plusieurs kilomètres de long, mais seul cet endroit là avait été réellement accessible pour les hommes. En effet un effondrement de terrain avait créé quelques terrasses où s’étaient installées les premières habitations avant que les autres ne soient faites sur la roche par quelques ouvriers aventureux. Des ponts de fer et de corde passaient de part et d’autre du gouffre pour relier rive gauche et rive droite.

Kenzo fit avancer sa bête jusqu’à la première terrasse où se trouvait la porte d’accès à la ville désormais fortifiée pour faire face aux attaques croissantes des animaux et des différents pillards. Il attacha rapidement Sobe à un bout de bout de bois à côté duquel il y avait un abreuvoir vide puis fit sonner la cloche qui se trouvait près de la porte. Le gardien le reconnu sans problème et contre quelques pousses d’herbe du désert connues pour leur qualités nutritives lui donna un seau d’eau avec lequel il remplit l’abreuvoir sur lequel se jeta le bzadra. Il laissa l’animal dehors et rentra dans la ville silencieusement comme à son habitude.

Les mains profondément enfoncées dans les poches de son jean il s’aventura sur les passerelles pour rejoindre l’auberge de la ville, une sorte d’hôtel qui faisait aussi restaurant et marchand de vivre à ses heures. Il n’avait jamais eut réellement peur du vide pourtant marcher sur ces passerelles sans barrière à quelques centaines de mètre au dessus d’une rivière de produits chimiques définitivement dangereux ne l’avait jamais rassuré. Il regarda le vide qui se profilait dans les trous de la taule avec une certaine angoisse puis redressa la tête pour sauter sur une terrasse naturelle où se trouvait le restaurant. Il avait là quelques courses à faire et puis il lui fallait s’occuper de sa vie sociale qui avait tendance à diminuer en ce moment car il passait beaucoup de temps à ne rien faire dans son abri.

Il ouvrit la porte de bois complètement desséché et pénétra dans le bâtiment. La poussière flottait dans l’air laissant dans l’air se former des raies de lumière qui provenait de sous les volets. La pièce était un peu éclairée par une vieille lampe qui marchait avec l’huile et la graisse d’animaux. Il y avait là attablées dix personnes qui ne firent pas attention à son entrée. Il alla jusqu’au comptoir tranquillement. Il faisait un peu plus frais à l’intérieur que sous le soleil tapant c’était agréable. De toute manière il savait parfaitement en entrant là qu’il était bon pour recevoir une douche forcée de la part de la patronne. Il alla s’accouder au comptoir et repéra dans la seconde le doux parfum de la fumée d’Ysbald. L’Ysbald était une plante commune depuis l’apocalypse mais dont la préparation pour faire des plaquettes sèches et bien dures, que l’ont pouvait ensuite réduire en miette pour les fumer ou tout simplement mâcher, était très difficile. L’Ysbald était réputé pour ses propriétés hallucinogènes. C’était à vrai dire une véritable drogue dont beaucoup s’était épris pour ne plus sortir de son cercle vicieux.

Kenzo était de ceux-là : les premiers enfants de l’Ysbald. Contrairement aux nombreux drogués que comptait la région actuellement, Les premiers enfants de l’Ysbald avait fait de sa consommation un moyen de parvenir à des ères supérieurs à des lieux de la vie banale qu’ils avaient. Ils l’avaient transformés en pouvoir. Désormais le passage par la drogue était inutile et les traumatismes subis très tôt n’étaient plus nécessaires. Les drogués n’étaient là que pour le flottement à présent. Ou alors ils étaient comme Kenzo les restes perdus des enfants de l’Ysbald.

Il s’assit sur un vieux tabouret et attendit la patronne qui ne tarda pas à arriver près de lui.

« -Tiens, déjà en manque Kenzo ? Ca fait à peine une semaine tu sais ? Enfin, je sais bien que je suis très attirante, tu fais semblant pour l’Ysbald hein ? C’est moi que tu veux à chaque fois que tu viens… Bon t’en veux pour… Mais ! Mais tu es vraiment sale ! Met pas tes mains sur mon comptoir tu veux ? Regarde ça tu es complètement dégoulinant de sueur. Comment tu fais pour endurer ça ? Aller suis-moi !
-Tu me fais vraiment le même coup à chaque fois Jen ! Tu sais très bien que j’arrive en sueur à cause de la chaleur, je n’habite pas tout près dans une maison moi ! Je dois parcourir du chemin pour avoir ma pitance
-Tu parles, c’est ta bête affreuse qui fait tout !
-Ne parle pas de Sobe comme ça ! Je déteste que tu le traite de simple bête ! C’est plus qu’un animal, c’est un compagnon à mes yeux…
-Tu parles un compagnon bouffeur de gosse oui ! »

Kenzo s’arrêta sur place alors qu’il passait à peine derrière le comptoir pour la rejoindre. Il leva les yeux vers elle avec un air froid et distant.

« -Ce n’est pas lui… Combien de fois je devrais te le dire ? J’étais là ce jour là, d’accord j’avais pris une grosse dose mais ce n’est pas une raison ! J’ai vu une bestiole bouffer le gosse sous mes yeux avant que je n’ai pu faire quoique ce soit !
-Dans ce cas là pourquoi tu ne t’en rappelles pas ? »

Un froid passa soudainement et le silence se fit, les deux partis se jaugeant du coin de l’œil. La dénommée Jen finit par briser la tension et lui prit le bras

« -Aller aller viens te laver… C’est toi le gosse après tout ! »

Les yeux de Kenzo se levèrent vers le ciel comme pour chercher un moyen de s’évader mais il la suivit docile. Se plier au quatre volontés de la jeune fille était pour lui le seul moyen d’obtenir ses plaquettes d’Ysbald.

En entrant dans l’arrière boutique qui était aussi le logement de Jen il put voir l’Ysbald en train de sécher au soleil doucement. Il dégageait une odeur très agréable, un peu fruitée qui était loin de celle de la drogue dur que la plante devenait après. Il s’approcha et alla tâter la marchandise malgré les cris désespérés de la femme. Il huma les fine galettes encore vertes avec un plaisir non dissimulé.

« -Tu sais que c’est super bon en soupe quand ce n’est pas sec encore ? Au lieu de vendre ta soupe graisseuse aux herbes du désert tu pourrais écouler une partie de ton stock en les cuisinant… Montre-moi les plants s’il-te-plait ! »

Son regard s’était fait doux et mielleux et sa voix plaintive pourtant la jeune femme se montra intransigeante lui montrant le baquet d’eau qui l’attendait

« -Si tu approches alors que tu es aussi sale, expliqua-t-elle, tu vas gâcher les plants, tu vas tuer l’odeur… Et si je ne cuisine pas avec c’est déjà que j’en mange une partie, et qu’avec toi et ta consommation affolante mes stock ont plus tendance à baisser qu’à s’entasser… Et imagine un instant que je commercialise quelque chose d’aussi bon, cela serait de la concurrence déloyale pour les autres car je suis là seule à savoir qui peut me livrer les plantes couper ou des graines pour mes propres plants… Et comme je ne suis pas le plus gros commerce de la ville je crois qu’ils n’hésiteraient un instant à me mettre dehors pour que j’évite de leur faire de l’ombre. Mon but étant de vivre décemment et non richement je n’ai que faire de vendre de la nourriture bonne ou mauvaise à partir du moment où les quelques habitués reviennent, cela me suffit amplement pour vivre. Au fait, ajouta-t-elle à la dernière seconde, tu as les plantes coupées ? Je commence à être en rupture de stock de plantes fraiches…
-Je viens toujours en en amenant quelques-unes tu le sais bien… Aller ! Montre-moi les plants ! Je veux les voir ! »

Il tenta de la dépasser par une petite feinte pour approcher les plantes, mais c’était sans compter l’attirance qu’avait cette femme pour lui. Elle s’accrocha à son cou se pendant à son dos, manquant de l’étouffer. Il dut s’arrêter et accepter d’aller vers le baquet d’eau. Il se fit déshabiller en frissonnant regardant Jen qui prenait un malin plaisir à jeter tous ses vêtements à terre loin de lui comme pour le mettre en position d’infériorité. Elle avait toujours su le contrôler un petit peu quand il était en manque. Cependant elle était aussi consciente que s’il se laissait faire c’était parce qu’il l’aimait bien. En effet une fois le manque de plus d’un mois avait été plus fort que tout et il l’avait frappé pour avoir sa drogue. Ce jour là elle avait compris qu’il n’aimait pas que cette dernière pour se laisser faire à chaque fois qu’il venait.
Elle le poussa dans le baquet en silence. Il s’assit dans l’eau avec l’air d’un gamin de cinq ans que l’on punissait puis leva les yeux pour afficher un regard beaucoup plus causasse. Il se laissa frotter les yeux fermés. Il ne prenait jamais réellement soin de lui et Jen semblait aimer le faire à sa place.

Plus d’une demi-heure plus tard il eut enfin le droit de sortir et entourer ses hanches d’une serviette serrée. Il avait profité de ce bain pour mouiller et taquiner Jen qui ne semblait qu’attendre la suite. Aujourd’hui il ne savait pas trop pourquoi il n’avait pas trop envie de rechigner et alla s’installer sur son lit et réclama et haute voix les plants. Elle les lui amena enfin et il put les admirer en silence. Ils étaient vraiment beaux.
Les plantes d’Ysbald étaient des plantes grasses assez grande et dont les tiges argentées formaient des boucles entrelacées. Les feuilles étaient d’un vert très clair, acide et ondulaient un peu. De temps en temps mais de manière très rare on pouvait aussi voir des fleurs. C’était des sortes de clochettes blanches qui étaient accompagnée de grands pistils fins surmonté d’une sorte de boule argentée.
Il sourit de plaisir car l’un des plants était en fleur. Il toucha du bout des doigts la fleur et se retint de la prendre. Il adorait aussi les fleurs qu’il pouvait mâcher pendant des heures de long. Pendant qu’il regardait les plantes en pot Jen s’était approchée presque sournoisement et s’était assise à ses pieds attendant qu’il concentre son attention sur des formes plus humaines. Contre toute attente il repoussa les plants qu’il posa à terre et vint s’intéresser de plus près à la demoiselle en question. Il posa ses lèvres dans son cou et souffla sur sa peau.

« -Même paiement ? Tu ne préfères vraiment pas que je te paie cash et qu’on fasse ça pour le plaisir ? »

Elle se mit à rire et répondit qu’elle n’avait pas besoin d’argent, que ce qu’elle voulait c’était lui. Elle venait d’attiser l’envie qui le prenait depuis tout à l’heure. A tel point qu’elle n’eut même pas le temps de faire d’autres réflexions qu’elle était déjà couchée sur le lit. Plus que jamais Kenzo s’adonna à son paiement dans lequel il retrouva une certaine sérénité. Il la laissa s’endormir dans ses bras et prit la cigarette d’Ysbald qu’elle avait roulé exprès pour lui avant qu’ils ne s’enlacent. Il l’alluma avec un vieux briquet d’avant-guerre et la porta à ses lèvres. Un soupire d’aise le prit et il ferma les yeux. Sa situation était plus qu’enviable : dans la tiédeur du lit d’une jeune femme désirable qui dormait nue contre son torse et avec de l’Ysbald de première qualité.

Le jeune homme resta longuement à fumer sans bouger pourtant des rumeurs venant de la salle le forcèrent à se lever et s’habiller. Il sortit pour aller voir ce qui se passait. Les hommes étaient collés aux volets pour voir un spectacle à travers les quelques fentes. Il demanda à l’un d’entre eux ce qui se passait et celui-ci se mit à rire.

« -C’est ta bestiole qui faire encore des siennes Kenzo ! Elle ne vaut pas mieux que toi qui viens toutes les semaines pour te faire la petite Jen.
-Tu parles sans savoir ! Tu es complètement ivre ! Tais-toi ! »

Il ne savait pas pourquoi pourtant il n’avait jamais pu avouer qu’il voyait Jen. Peut être était-ce car elle n’était qu’une patronne de bar ou alors parce qu’il se sentait dépendant d’elle aussi et que la chose lui était totalement impensable.
Dans tous les cas il partit en courant sur les passerelles manquant de tomber pour rejoindre la terrasse où il avait laissé son animal qui tentait par tous les moyens de se détacher pour aller voir une bzadra un peu plus loin. Il passait à peine la porte que Sobe réussit à briser la corde qui le retenait et partie au galop vers sa nouvelle compagne. Dépossédé de sa monture pour la nuit qui suivait Kenzo soupira : il n’avait d’autre choix que de rester dans la ville des nuages jusqu’au lendemain. Le problème du logement n’en était pas un : Jen se ferait un plaisir d’avoir son amant pour une soirée de plus. Non le problème était qu’il allait s’ennuyer dans la ville. Les non-engagés étaient en fait trop calmes pour un guerrier tel que lui : il ne supportait pas longtemps leurs habitudes et faisait toujours tout pour rester le moins possible. Il rentra en soupirant dans la ville et se demanda ce qu’il allait pouvoir faire toute une nuit dans ce bled.

Il savait qu’il n’avait pas le droit d’utiliser sa magie ou ses armes à l’intérieur de l’enceinte sauf en cas de force majeure. Il n’avait pas non plus le droit de faire du bruit la nuit et se promener ivre sur les passerelles était le meilleur moyen de mourir bêtement. Kenzo rentra jusqu’à l’auberge où il retourna dans la chambre de la jeune fille. Celle-ci fut surprise de le revoir si tôt mais à son air comprit rapidement la situation. Elle se mit à rire et vénérant Sobe pour lui laisser son amour une nuit de plus elle vint se pendre à son cou.

« -Dis-moi beau gars… J’ai toujours eu envie de savoir quelque chose…
-Quoi ? Si je ne suis qu’à toi ? »

Il eut un rictus amusé et détourna la tête se disant qu’il s’était toujours considéré comme l’homme de toutes les femmes

« -Mais non ! Tu es un être abject et stupide ! En fait je voulais que tu m’apprennes des choses à propos de l’Ysbald, ses débuts… Les premiers enfants… Tu sais un jour tu m’en as touché deux ou trois mots et je me suis rendue compte que je vendais quelque chose dont je n’avais aucune idée de l’histoire et depuis cela me torture l’esprit. Comme ce soir tu es obligé de rester tu pourrais me raconter tout à ce propos, que je comprenne mieux ce que je vends… Ce que tu es… »

La patronne souligna sa requête d’un léger baiser du bout des lèvres et d’un sourire doux auquel Kenzo ne sut résister.

« -D’accord d’accord je te raconte cela… Mais à une condition, tu m’offres le repas aussi, je suis mort de faim… Et puis tu sais bien que je n’ai jamais réellement de quoi payer… A part si tu veux qu’on recommence après l’histoire en guise de paiement.
-Non non ne t’inquiète pas ! Une fois par semaine cela me suffit amplement, sinon je vais devenir aussi accro que toi à l’Ysbald et on ne saura plus qui utilise qui… Je préfère garder le monopole tu vois. Ce pouvoir sur toi c’est le seul amusement que j’ai réellement… »
Le jeune mage ne sut quoi répliquer face à cette révélation. Finalement il ne dit rien car au fond il avait toujours sur que c’était réellement un pouvoir qu’elle avait sur lui. Il n’avait cependant jamais entrevue la possibilité qu’elle puisse devenir dépendante de son corps. Kenzo n’avait jamais pensé qu’elle éprouvait des sentiments si forts à son égard. Il eut un léger sourire et la prit dans ses bras, se recouchant et s’excusa à voix basse.

« -Pardon pourquoi Kenzo ? De quoi tu parles ? »

Elle redressa la tête le regardant dans les yeux ne comprenant pas ce qu’il voulait lui dire. Elle sonda un instant son regard puis rougit en baissant les yeux comme si elle venait de comprendre.

« -…Ce… Ce n’est pas ta faute. Tu m’avais bien dit à l’époque qui tu étais. Et puis ne t’inquiète pas tant que tu viens de temps en temps et que tu ne te fais pas descendre je me porte très bien.
-Pour une femme tu en demandes peu…
-Qu’est-ce que tu crois ? Que j’allais te demander la fin de l’apocalypse ? T’espère… Tu sais très bien que je ne suis pas comme-ça… Aller, je préfère qu’on parle d’autre chose… Et puis tu es sensé m’apprendre beaucoup de chose tu le sais.
-Certes mais je crois que le service de ce soir et le repas nous attendent avant ! Tu ne pourras pas me garder couché au lit pendant trop longtemps alors autant repousser l’heure des histoires à plus tard ! »

Sur ces paroles le jeune homme sauta sur ses pieds et l’obligea à se lever en la taquinant jusqu’à la pousser dans la salle. Il l’aida à servir les plats pendant qu’elle cuisinait, lui évitant ainsi de devoir faire les deux en même temps. Ce fut pour elle une aubaine car une tempête de sable s’étant déclaré dans la plaine les gens étaient restés dans le gouffre à l’abri et pour cela étaient venu se restaurer chez elle. Le service se prolongea longuement permettant à Kenzo d’utiliser ses forces à autre chose qu’à penser.

Il rentra dans la chambre aux alentours de minuit éreinté par sa journée. Entre la mâtiné agitée par quelques combats, le voyage jusqu’à la Ville des Nuages, et ses différents paiement pour Jen, il pouvait dire que c’était une journée bien remplie. Il se laissa tomber sur le lit regardant le plafond attendant le retour de la jeune fille qui était partie se changer pour la nuit. Kenzo rit à son retour car sa nuisette était tout sauf présentable. Il la traita longuement de mauvaise fille complètement décadente et vulgaire par-dessus le marché avant de l’accueillir dans ses bras pour la serrer doucement contre lui. Ils profitèrent un moment du calme et du silence pour se reposer.

Jen semblait parfaitement à l’aise entre les bras musclés de Kenzo qui lui s’amusait de la fragilité du corps de sa compagne d’une nuit tout en jouant du bout des doigts avec la dentelle transparente de son habit. Il ne pouvait s’empêcher de triturer ce bout de tissus noir qui finalement provoquait à nouveau en lui les sentiments qu’il avait éprouvé lors de ce début d’après-midi. Calmant tout de même le jeu pour ne pas enfreindre la demande qu’elle avait clairement posé il se redressa et passant les mains sous son crâne regarda le plafond.

« -Donc tu veux savoir des trucs au sujet de l’Ysbald ?
-Oui, et j’imagine que tu es plus ou moins un des mieux placés pour m’en parler.
-Faux ! Si tu demandais à un drogué tu aurais la nouvelle vision de l’Ysbald, ce que je vais te dire est depuis longtemps obsolète. Et puis…
-Peut être que c’est dépassé mais bon ! C’est le début réel de l’Ysbald sa véritable valeur… Aller ! Dis-moi ! »

Il rit et tenta d’éloigner de son esprit l’image du vêtement de la fille. Il ferma les yeux pour s’aider et serra les poings. Il se redressa légèrement et posa sa tête sur la poitrine de la jeune femme lui arrachant un rire amusé. Il prit le temps de trouver une position des plus confortables lui soutirant parfois des cris outrés. Quand il fut enfin bien installé et prêt à parler il ferma les yeux et commença son récit.

« -Bon comme tu le sais, ou pas, l’apocalypse a eu lieu il y a environ une cinquantaine d’année. Nous sommes la deuxième génération de survivant… Bref on s’en fiche. L’Ysbald a été découvert par nos parents il n’y a pas si longtemps, environ une vingtaine d’année, c’est pourquoi les premiers enfants font partis de notre génération. Bref. A ce qui parait l’Ysbald est apparue du jour au lendemain dans les collines vertes, poussant à l’ombre des rochers ou dans les trous, comme aujourd’hui quoi ! Quand nos parents l’ont découvert ils ont tout d’abord pensés à une nouvelle source de nourriture, qui n’était pas trop rare. Par chance elle était même bonne cuisinée en soupe. Ainsi, comme je suis né il y a un peu plus de vingt ans, j’ai eu le droit dans mon enfance à manger cela quasiment tous les jours à de nombreux repas. Pour les adultes comme toi et moi cela ne posait aucun problème il n’y avait aucun effet cependant, les enfants subissaient des contrecoups étranges. »

Il fit une pause en silence comme s’il se rappelait d’un souvenir perdu et enterré puis reprit l’air de rien.

« -Ce n’était pas tous les enfants par chance, sinon on serait presque tous des enfants de l’Ysbald… Et ca ne serait pas beau à voir… Par contrecoups j’entends des maladies étranges, accompagnées de forte fièvre de vomissements incontrôlables malgré les médicaments, mais aussi des morts et des choses encore plus surprenantes. Certains des enfants devenaient étranges, changeaient de personnalité, de voix comme s’ils étaient possédés par un autre être. Ce sont ceux-là qui sont devenu les enfants. Moi par exemple. Je me souviens parfaitement de ces moments de délire car ce n’était pas des délires ! Je sentais une présence en moi, quelqu’un ou quelque chose qui prenait le contrôle et qui débitait des choses stupides ou incompréhensibles. »

Il rouvrit les yeux un instant ne se rappelant plus exactement des paroles de l’être à ce moment là. Il se laissa le temps d’y repenser en parlant d’abord de ce que les adultes avaient fait.

« -Les adultes ont bien sûr prit peur, et dans beaucoup d’endroits –Car l’Ysbald n’est pas apparu uniquement ici- ils ont commencé à tuer les enfants possédés. Cela explique finalement le faible nombre d’enfant. Nous sommes environ deux-cents sur une population totale d’enfants pour l’ancienne France d’environ cinq-milles. Cinq-milles sans compter les Biots car ils ne furent pas touchés par l’épidémie. »

Cinq-milles pouvait paraitre beaucoup mais le chiffre était facilement explicable par le nombre d’enfants que les femmes avaient eut à cause de la perte de tous moyens de contraception et des moyens médicaux encore assez performants grâce au pillage des hôpitaux. Il fallait pour la dizaine d’année qui suivait l’apocalypse compter environ quatre à cinq enfants par femme. Désormais il y avait beaucoup moins d’enfant car les hôpitaux étaient vides, les médicaments durs à trouver et les accouchements pénibles et quelques fois mortels. Les gens avaient tous simplement adapté leurs mœurs et trouver de nouveau moyens de contraception pour palier à ce problème. Mais cela il ne l’évoqua pas supposant qu’elle le savait déjà.

« -Ce ne fut que beaucoup plus tard –contre toute attente- qu’ils se rendirent compte de leur erreur et qu’ils comprirent que les troubles venaient de l’Ysbald. En attendant de nombreux enfants se faisaient posséder et d’autres tuer. Je ne connais guère les situations des autres enfants car on m’a tout de suite éloigné à cause de mes bizarreries alors je ne pourrais te raconter que ce que j’ai vécu moi ! J’ai eu la chance de naitre dans un village où les adultes ont préférés se dirent que ce n’était que passager et que comme je ne faisais de mal à personne il n’y avait pas de raison de m’abattre. Sinon bien sur je n’aurais jamais été là pour te le raconter.
Je me souviens que la chose venait après les repas la plupart du temps et qu’elle me demandait poliment de lui laisser mon corps pour qu’elle diffuse sa parole. Elle disait exactement : « Laisse moi ton corps je t’en supplie, Laisse moi ton corps mais n’oublie, car au fond de toi sommeil, et le pouvoir fera son éveil »
-C’est en vers ?
-Etrange n’est-ce pas ? Pourtant cela marchait toujours. Comme obnubilé par les paroles sages et le phénomène étrange j’acceptais toujours de lui laisser mon corps. Et là je devenais un spectateur. Mais pas seulement. En lui laissant mon corps je me trouvais dans une nouvelle catégorie de conscience, j’accédais si je puis dire à la conscience naturelle, celle de la Terre entière, celle que les humains ont perdu en devenant ce qu’ils sont mais que les animaux ont gardés. Je pouvais sentir les mouvements de la terre, ce de l’eau et du ciel. Je sentais la souffrance de la végétation, la famine des animaux et le crie de douleur de la Terre. Aussi fou que cela puisse paraitre j’ai même appris son véritable nom un jour. Pourtant il a été arraché à mes souvenirs par un accident.
En plus de sentir cela, choses que j’aurais presque pu deviné seul en observant la Terre j’ai aussi senti l’arrivée, l’ouverture de choses étranges. »

Il fit une pause et posa une main sur son cœur les yeux mi-clos. Ces souvenirs de communion avec la Terre étaient très personnels et ils les sentaient pulser en lui en chaque instant. En ce jour il était heureux de pouvoir enfin les dire à quelqu’un qui ne le jugerait ni ne le renierait par la suite. Il sentait encore au fond de lui-même certaines choses de la Terre et surtout les portes.

« -Je sentais une brèche s’ouvrir. Pas dans l’air parce que l’air c’était quelque chose de trop tangible de trop simple à comprendre. Non, une brèche s’ouvrir dans le temps ou l’espace comme si notre monde se fracturait de partout pour laisser un autre monde apparaitre. C’était de ces brèches dont mon possesseur parlait à mes parents. A chaque fois il répétait la même ritournelle : « Des portes s’ouvrent dans notre monde, comme la vague déchire la paisible onde, des portes s’ouvrent dans votre univers, et par celles-là nous voulons venir sur votre terre ». Personne ne pouvait comprendre ce qu’il voulait dire car personne sauf moi et peut être les autres enfants ne pouvait sentir cette impression de déchirement, cette blessure qui s’ouvrait et d’où suintait une autre réalité. »

Il prit une bouffée de l’air désormais frais de la chambre. Le jour était tombé et la chaleur aussi. Il se tourna doucement pour la regarder le menton s’enfonçant dans sa chaire rebondie. Elle gémit de douleur mais n’esquissa pas un mouvement pour le faire se pousser de là. Elle appréciait trop sa présence pour s’en plaindre. Tous deux sans concertation firent une pause dans l’histoire en se regardant dans les yeux comme s’ils se voulaient mais ne pouvaient s’avoir. Kenzo revint alors à sa position initiale décidé à reprendre son récit.

« -Ce petit manège a duré plusieurs années. Couramment, plus d’une fois par semaine et même parfois plus d’une fois par jour les possessions les avertissements… Les pleurs des parents, la peur des voisins !
-Mais comment ce fait-il que je n’ai jamais été au courant de cela ? »

Elle venait de prendre la parole depuis la première fois depuis le début de l’histoire. Elle avait respecté ses paroles avec un silence religieux regardant ses lèvres sans relâche : en un mot elle avait été passionnée par lui.

« -Tous les villages n’ont pas été touchés, et vraisemblablement tu n’as pas mangé beaucoup d’Ysbald ou même pas du tout dans ton enfance. De plus tu es beaucoup plus jeune que moi au final, même pas une vingtaine d’années… En plus la cuvette de cette ville est bien protégée, vous avez quelques ressources dons pas l’obligation d’utiliser l’Ysbald. Tu as de la chance de ne pas l’avoir connu. Ca a gâcher beaucoup de vie tu sais, les morts, les malades et ceux marqués à vie. Mais c’est fini maintenant tu sais ! Donc après cinq années environ il y a eu un évènement que tu devrais connaitre. Quelque chose qui a complètement changé notre monde !
-La nuit des sept neiges ?
-Exactement la dite nuit des sept neiges.
-Que s’est-il passé exactement ? J’étais à peine adolescente et je n’ai pas réellement compris ce qui s’était passé !
-J’y arrive ne t’inquiète pas… »

Il sourit et se redressa un instant pour la prendre dans ses bras la mettant sur son torse. Il changea d’oreiller en en prenant un de plume et non plus de chaire puis soupira

« -La nuit des sept neiges. Elle a été précédée du jour des orages mais personnes ne s’en ait réellement rendu compte à part les plus… Sensibles aux mouvements de la terre du ciel et de l’eau. Moi par exemple. J’ai vécu la plus grande peur de ma vie lors de cette journée. Pour moi le monde courrait à sa perte, les orages qui se rependaient partout dans le monde n’étaient pas normaux et déchiraient l’atmosphère de façon anomale. Et je n’étais pas si loin de la vérité. La journée des orages n’a rien de très passionnant quand on ne peut pas comprendre l’importance des sentiments ressentis alors je vais passer directement à la nuit des sept neiges ! Je suis vraiment désolé, ne le prends pas mal, mais tu ne pourras jamais comprendre ce qu’être en lien avec la Terre peut vouloir dire. »

Il caressa ses cheveux pour qu’elle ne lui en veuille pas et reprit le fil de son histoire.

« -La nuit des sept neiges fut en fait le moment de l’ouverture des portes que je pourrais maintenant en toute connaissance de cause qualifier d’inter-dimensionnelles. Pourquoi les sept neiges ? Parce que de l’autre côté des fissures de l’espace c’était l’hiver complet. Mais pas que ! Il y a eu sept neiges ! La première fut celle en provenance des portes. La deuxième fut celle produite par les corps des démons –car les gens les ont appelés comme ça- tués alors qu’ils sortaient des portes. Bizarrement leurs corps se changeaient en poussière quand ils touchaient terre, morts. La troisième neige fut faite de sang, le sang de nombreux enfants massacrés pour leurs bizarreries pendant la nuit. La quatrième est les larmes de leurs semblables, moi par exemple, qui ont ressentit la mort prématurée des autres. Les autres neiges vinrent après. »
Il s’étira et plissant les yeux tenta de regarder sous les volets pour voir si le jour grimpait de nouveau, mais en vain, la nuit était toujours aussi noire.

« -Cette nuit là nos âmes troublée par l’Ysbald ont été touchées par la magie s’échappant de ces portes. C’est cette magie qui nous a confié le pouvoir d’appeler à nous les démons. Ce ne sont en fait pas des démons tu sais, mais un peuple qui a accepté de se mettre à notre service en voyant notre misère. Je me souviens encore des paroles du Kern qu’il y avait en moi. « Je suis là pour t’aider. Laisse-moi à tes pieds me baisser, et pour toujours embrasser, le chemin de ta destinée ». A ce moment là au son de ses paroles j’ai sentit dans tout mon corps une chaleur se rependre et j’ai compris mon nouveau pouvoir sans même l’avoir un jour testé. Ce Kern est toujours là avec moi, je ne l’ai jamais appelé car je tiens trop à lui… »

Jen sourit comprenant un peu son sentiment et se lova un peu plus contre lui.

« -La cinquième neige fut une pluie de lumière qui provenait des enfants aspergés de ce nouveau pouvoir. A ce moment-là ils devinrent plus respectés car tout dans leur regard et leurs gestes montrait qu’ils n’étaient plus des enfants. On nous a appelé mages et cela correspond plus ou moins à la situation : nous étions devenus capables de choses extraordinaires. La sixième neige fut le sable et la poussière soulevés par une bombe lancée par les Biots pour essayer de neutraliser cette nouvelle puissance et ces nouveaux ennemis. Enfin la dernière neige fut celle de la fermeture des portes qui n’existent désormais plus que dans l’esprit des mages. »

Il se tut un long moment

« -Voila l’histoire des premiers enfants de l’Ysbald, avec ses points noirs… Si tu veux je pourrais te dire plus précisément ce qu’est un mage maintenant ! »

Jen leva la tête vers lui et approuva son idée avant de refermer les yeux. Complètement collée à lui elle adorait écouter le son de sa voix profonde et grave.

« -Bon, un mage, c’est quelqu’un capable d’invoquer les démons, les Kerns si tu as suivi mon histoire. L’invocation se fait en fait par le biais de l’ouverture d’une porte et le choix d’un Kern parmi tous ceux vivant de l’autre côté. Pour ouvrir une porte un mage doit puiser dans son énergie pour voir apparaitre la trame de l’univers et la déchirer. C’est une dépense d’énergie considérable à tel point qu’il est impossible d’invoquer deux Kerns ou plus par jour ! On est limité à un. Et puis en invoquer un par jour pendant une semaine peut aussi nous plonger dans le coma. A côté de ça les Kerns sont des fidèles compagnons qui ne repartent qu’à notre demande ou à leur mort. Ils obéissent au doigt et à l’œil pour une raison inconnue dans la mesure où ils sont bien plus développés que nous.
Il y a plusieurs théories au sujet de leur obéissance, mais elles sont toutes étranges je trouve. Les uns disent que ce sont des êtres sans aucune volonté, mais dans ce cas là comment auraient-ils pris la décision de venir ici ? D’autres disent que ce sont des êtres masochistes qui veulent absolument être dominés. Etrange non que tout un peuple ressente la même affection pour la domination et qu’aucun ne se soit opposé à la chose. Certains disent qu’ils proviennent de notre imagination, mais comment pourrions-nous créer des particules, neutrons, protons… Avec notre simple intelligence ? Bref je pense que cela restera définitivement un mystère car jamais un seul Kern n’a voulu parler Ils refusent catégoriquement de parler de leur monde et de leurs habitudes… »

Il baissa les yeux vers la jeune femme et sourit.

« -Les mages pourtant ne sont pas que les invoquants, les mages sont désormais tous les types de personnes plus ou moins affiliés à la magie. Il y en a de toute sorte… Alchimiste, invoquant, ou tout simplement personne ayant des pouvoirs plus ou moins spéciaux, une force améliorée. Parmi les pouvoirs les plus courants il y a des petits sorts qui permettent de contrôler l’un des éléments, ou tout simplement des capacités et des atouts physiques ou mentaux nettement améliorer. A côté de cela certaines personnes possèdent de réels dons, faire trembler la terre ou faire changer le temps à leur faveur. Ces gens-là sont très rares et encore plus que les invoquants. Cependant considère toi comme la personne la plus avantagée du monde car tu connais personnellement l’espèce la plus rare combinant les talents d’invoquant et de grands pouvoirs sur la nature.
-C’est vrai ? Je pensais jusque que tu étais un invoquant !
-Non plus que ça… Mais je t’en parlerais une autre fois ! Je vais finir sur le thème du mage et de la magie… Parmi les autres personnes dites magiques mais qui en fait ne le sont pas dans ce cas il y a tous les mutés mi-animal mi-humain. On les affilie à la magie parce qu’ils sont tués par les Biots, ils ont donc toutes les raisons d’être nos alliés !
-Des gens à moitié animal ?
-Oui j’ai déjà croisée une personne très sympathique. Bizarrement elle était totalement aveugle, supportait difficilement la lumière, se déplaçait à l’aide du son et possédait une immense paire d’aile comme celle des chauves-souris !
-Un vampire ? »
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MessageSujet: Re: Kenzo   Kenzo Icon_minitimeDim 14 Aoû - 22:39

Kenzo la regarda dans les yeux puis se mit à rire franchement.

« -Non, tu utilises le mot vampire comme les gens de l’ancien temps ! Actuellement le vampire n’est pas l’homme chauve-souris, c’est un être capable de régénérescence et à la durée de vie très longue. Aucun rapport avec le sang ou le cannibalisme au final. On les a appelés comme ça je pense à cause de leur teint blafard et de leur yeux très sombres.
-Comment ils sont apparus ?
-Mutations, affiliations avec des bactéries super-puissantes, vitesse cellulaire décuplée ? Qui sait ? Nous ne sommes plus désormais capables de l’expliquer, les laboratoires sont détruits, la plupart des connaissances scientifiques aussi… Peut être les Biots pourraient l’expliquer s’ils n’essayaient pas de tuer tout ce qui ne ressemble pas au monde d’avant.
-Si je récapitule, la magie comprend les invoquants, les sorciers avec de petits sorts, les alchimistes, les gens aux capacités démesurées –Quoi comme capacités d’ailleurs ?-, les puissants sorciers, les mi-animaux, les vampires ?
-Et pas que, et pas que… Je pense que j’y serais longuement à te définir ce que comprend la magie. Pour ce qui est des capacités tu peux prendre une acuité ou une force décuplée. Il y en a aussi qui ont une très grande vitesse, certains sont même capables de respirer sous l’eau sans branchies.
-Dans ce cas là si la magie est si puissante pourquoi vous n’avez pas réduit les Biots au silence ?
-Parce qu’eux aussi ont leurs avantages ! Ils connaissent toute l’ancienne science, savent utiliser et réparer les machines, que ce soit pour le transport l’alimentation et les armes. Ils ne dépendent de personne en matière de nourriture et d’eau alors que nous mourrons tous de faim, et leur puissance de feu abattra l’homme très fort avant même qu’il ne soit à leur niveau. Ils ont des bombes, des armes bactériologiques, des gaz, et des armes à feu… bref, à vrai dire ce sont eux qui dominent la partie pour le moment même ! »

Il esquissa un sourire. Cette fois il était réellement fatigué et sentait le besoin de dormir. Il ferma les yeux, la repoussa et se lova dans les couvertures.

« -Tu me poseras tes questions demain d’accord ?
-Ne t’inquiète pas je ne suis pas sans cœur, je vois bien à quel point tu es fatigué… Tu peux dormir, je vais préparer un peu d’Ysbald pour toi pour ton réveil d’accord ?
-Tu es la femme la plus géniale qu’il m’est été donné de rencontrer !
-Tout ça pour de la drogue…
-Et pas que ! Et pas que… »

Ils rirent un moment ensemble, se cherchant mutuellement et s’insultant copieusement sur divers sujets sans importance. La fatigue fut plus forte pour Kenzo qui finit par s’endormir en écoutant la jeune fille parler

Le lendemain à son réveil Jen avait déjà quitté la pièce, mais sur le bord du lit, comme toute dernière attention de sa part trônait les vêtements de Kenzo pliés. Il se redressa d’un bond, récupéra ses biens et quitta la ville dans l’heure récupérant le bzadra qui attendait sagement devant la porte comme si de rien était. Il n’eut d’ailleurs pas la force de s’énerver contre l’animal qui semblait décidément bien heureux ce matin.

Ils firent routes ensemble jusqu’aux collines vertes pour laisser Sobe paitre en paix et Kenzo se rafraichir. Ce dernier s’assit à l’ombre d’un rocher et se laissa divaguer. Il avait toujours été intéressé par l’apocalypse qu’il avait cherché à comprendre par tous les moyens. Pendant ses divers voyages Kenzo avait rencontré de nombreuses personnes qui avaient pu lui en apprendre plus à ce sujet : des survivants, des spécialistes qui avaient passé leur vie à chercher des traces du conflit : journaux, livre et même certains mages qui avaient eu des visions du passé.
Ses yeux se fermèrent un instant et il se laissa guider par ce qu’il savait. Tout avait commencé par une tension entre l’hyper puissance américaine et les pays de l’ex-Union Européenne. S’agissait-il d’un conflit économique, d’une mésentente politique ? Il n’en était pas sûr. D’après ce qu’il avait entendu de diverses bouches il pouvait supposer que c’était la coalition malheureuse de nombreux évènements qui avaient conduit les Etats-Unis à attaquer l’Europe et l’Asie de l’Ouest sans crier gare.
Tout d’abord, la récente nationalisation de plusieurs grandes entreprises -qu’était-ce que nationalisation et entreprise ? Il pensait que c’était un commerce géant que l’Etat aurait pris à son compte- contraire au principe du libéralisme prôné haut et fort par les Américains –libéralisme. On lui avait parlé d’un système économique- aurait provoqué un conflit dans de grandes organisations commerciales internationales. De plus s’était installé en Europe, et principalement dans l’Union Européenne –L’alliance de plusieurs états il lui semblait- une zone de préférence qui donnait lieu à un protectionnisme économique insoutenable pour les Etats-Unis qui perdaient leur plus gros débouché. La régulation des prix n’était plus la même en Europe et au niveau internationale au désavantage certains des américains. Enfin, la monnaie dite « euro » avait concurrencé et même dépassé le « dollars » américain et donc mis les Etats-Unis sur la sellette les confrontant réellement pour la première fois à leur dette colossale entrainant le retrait de la Chine de leurs finances.
Déstabilisés économiquement, les Etats-Unis avaient promis des représailles, pourtant ils ne firent rien pendant plus de cinq ans, laissant l’Europe s’ouvrir à l’Afrique, l’Asie et au Moyen-Orient en les excluant de plus en plus ne leur laissant comme partenaires financiers uniquement les pays du continent américain. Pourtant ceux-là eurent aussi rapidement créé leurs propres associations économiques laissant seuls les américains qui les asservissaient avant.
Cependant, en plus de ces évènements économiques il y avait un contexte politique ardu où les Etats-Unis étaient de plus en plus critiqués sur la scène internationale pour leur unilatéralisme : leurs interventions en solo dans des pays semant désastre et chaos étaient regardée de très mauvais œil par les autres pays qui voulaient les exclure des grandes instances internationales. Se sentant lésés, ils avaient protesté de toutes leurs forces mais le mal était fait : leurs anciens alliés n’avaient plus confiance en eux.
Finalement le dernier problème auquel avaient été opposés les Etats-Unis était celui de la fracture sociale interne. La population était descendue dans les rues, s’était révoltée pour faire valoir ses droits mettant certaines villes à feu et à sang.

L’Etat américain n’avait eu d’autre choix pour réaffirmer sa position dans la politique et l’économie mondiale et apaiser de son peuple que de se lancer dans une guerre contre un grand ennemi. En effet la guerre permettrait de maitriser le peuple et de le centrer sur un ennemi commun et ainsi le brider et le rassembler. D’autre part elle représentait un coup de force admirable pour un pays aussi endetté que les autres Etats ne pourraient s’empêcher de reconnaitre.

C’est ainsi que les Etats-Unis lancèrent toute leur puissance de frappe –considérable car ils avaient l’armée la plus importante et la mieux équipée du monde- sur leurs premiers ennemis : les pays de l’Europe jusqu’en Russie. Ils décidèrent pour ce faire de ne pas envoyer d’homme mais uniquement des missiles ou des bombes larguées par avion. C’est ainsi, que, sans prévenir, sans déclaration de guerre préalable ils attaquèrent avec une telle rapidité que les quelques réponses qu’il y eut ne firent que très peu de dégâts.
La puissance et le nombre de bombe qu’ils mirent en jeu eurent pour effet d’étendre la dévastation sur l’Europe entière, mais aussi l’Afrique du Nord et tous le Moyen-Orient. Plus au Nord et à l’Est aux confins de la Russie elle aussi visée, les bombes détruisirent une partie de l’Asie du Nord.
La suite au niveau international il était impossible pour tous les gens vivant des ces zones de la compter car ils furent depuis la première explosion coupés du monde extérieur, réduits à néant. Ce que sont devenus les Etats-Unis impossible de le dire, à côté de cela l’Europe autrefois foyer d’abondance est devenu la terre des misères, porteuse de l’apocalypse et de la mort.

« -Sobe ! Viens ici »

Kenzo observait depuis un moment les allers-retours timides du bzadra qui n’attendait qu’une chose : que son maitre soit assez perdu dans ses pensées pour s’enfuir courtiser d’autres juments. Il siffla doucement puis se leva quand la bête arriva au petit trot. A peine eut-il grimpé sur son dos Kenzo sentit doucement dans l’air et dans la terre se propager une rumeur. Toute la nature se tendait comme si elle s’apprêtait à recevoir encore un coup en ce jour. La confirmation arriva d’ailleurs rapidement quand un immense oiseau qui ressemblait à un aigle mais avec une tête écailleuse atterri sur son épaule. Kenzo prit rapidement le petit rouleau accroché à sa pate et soupira.


A tous les mages qui le verront,

Les Biots tentent une percée en ce jour du côté Ouest des Collines Vertes. Ils atteindront leur point de ralliement : la source blanche en ce jour au environ de 15h, si par chance vous recevez ce message assez tôt tentez de rejoindre le bouclier qui se forme pour stopper leur avancée. Les Biots viennent du fort de verre et feront route par la vallée d’acier.

Courage et force à tous ceux qui liront ceci. Que vous guide le vent.


« -Que le vent te guide aussi… »

Kenzo rattacha fermement le message à la pate de l’oiseau qui s’envola vers un autre mage et observa un instant le soleil pour trouver l’heure. 15h30. Il était trop tard pour s’interposer sur leur chemin, mais la source n’était pas si loin, en faisant route au grand galop il pourrait facilement se joindre à la bataille. De toute manière ils devaient tous lutter pour que les Biots n’installent pas de campement dans les Collines Vertes. Si jamais cela venait à arriver ils ne pourraient plus jamais les déloger et les Collines actuellement havre de paix deviendraient un bourbier sanglant.
Lançant le bzadra au grand galop, le mage mit environ une heure à atteindre les environs de la bataille se préparant mentalement au combat. Il prit par exemple le temps d’ouvrir une porte vers l’autre monde. Ainsi il n’aurait plus qu’à choisir un Kern quand il arriverait là-bas et à l’armer. Il vérifia qu’il avait bien sur lui son arc, ses flèches et sa lame enchantée par l’un de ses amis. Il banda l’arc consciencieusement puis referma son kevlar de manière à ce qu’il couvre mieux son corps.

A un kilomètre environ de l’endroit donné Kenzo arrêta le bzadra préférant de loin arriver de manière discrète. Il appela un Kern et l’observa un instant. Cette fois-ci c’était un molosse de deux mètres vingt de haut, avec une carrure qui faisait pâlir Kenzo à vue d’œil. Le kern avait la peau rouge avec deux grandes cornes qui partaient de l’arrière de son front et qui formaient une boucle épaisse. Ses cheveux rasés court et ses habits serrés faisaient penser à un militaire de l’ancien temps. L’invoquant le salua très respectueusement et lui expliqua rapidement ce qu’ils devaient faire.

« -Très bien maître, ma vie vous est offerte, je vous suivrais et vous protégerais jusqu’à ce que ma mort me prenne ou le bataille soit gagnée.
-Ne dis pas ça, il faut surtout que tu les empêches de mettre ne serait-ce que la première pierre à leur édifice, sinon, nous sommes perdus. Ma vie n’a que peu d’importance face à celle de toute une communauté. Bon nous allons procéder simplement. Selon les données que j’ai eu ils ont du arriver par le Nord de la cuvette que tu as devant toi, nous en sommes pour le moment au Sud, il faut que nous la contournions discrètement pour les prendre à revers. Nous sommes certes que deux, mais avec un effet de surprise et quelques troncs enflammés lancés à toute vitesse sur eux nous feront pas mal de dégâts, la suite après ne dépendra que de nos capacités martiales.
-Je comprends, je ferais toujours tout pour votre plaisir maître. »

Il hocha la tête et remonta sur le bzadra pour ouvrir la route. Une petite demi-heure plus tard ils arrivèrent au Nord de la source. Kenzo fit construire au Kern le piège auquel il mit feu à l’aide d’un peu d’huile de plante et d’une étincelle. Le piège était en fait constitué de deux calles verticales qui retenaient une vingtaine de troncs de bois maintenant enflammé, le tout juché sur une pente assez abrupte qui donnait directement sur le champ de bataille d’où l’ont pouvait entendre monter des cris.
A un moment donné il fit signe au Kern et tous deux détruire en même temps les montants verticaux libérant une vague de troncs enflammés qui allèrent percuter une partie de l’armée ennemie.
Les soldats armés de fusils ne purent rien contre les troncs d’arbre déboulant sur eux et une bonne dizaine fut fauchée par le piège tendu. De l’autre côté de la source, les Kerns et les mages reprirent le combat de plus bel leur courage ravivé par cette aide inattendue. Kenzo sur les épaules de son Kern le lança dans la descente sur les ennemis. Les Kerns avaient un métabolisme beaucoup plus résistant et efficace que celui des humains et résistaient longuement aux armes d’avant-apocalypse. A vrai dire ils craignaient surtout la magie.

Le point vital des ennemis était les deux robots au centre de la cuvette qui pouvait facilement briser les os d’un Kern. Ces robots étaient assez grands et bien conçus pour ne pas craindre les troncs qu’ils ne semblèrent pas remarquer. Kenzo avait appris avec le temps que les robots étaient en fait pilotés de l’intérieur par des humains, des Biots, flottant dans une sorte de liquide qui permettait le passage de ondes cérébrales vers les circuits du robot permettant un parfait transfert d’information. Ce qu’il fallait faire c’était tuer les humains à l’intérieur ou vider la coque du liquide, en tout cas cela semblait au premier abord plus facile que de se débarrasser du robot en lui-même.

Courant au champ de la mort, les deux coéquipiers franchirent en force une première ligne de soldats avant que le Kern n’envoie Kenzo loin devant pour qu’il tente d’atteindre le robot. Au prise avec une bonne douzaine de soldat le Kern n’était plus du tout en mesure d’aider Kenzo qui se retrouva seul avec sa mission. Il tua quelques gardes des robots avec des flèches rapidement décochées, mais au poison si virulent qu’il tuait en moins de deux minutes s’il touchait les chaires. Lâchant son arc à contrecœur le mage s’empara de son épée, sa deuxième arme favorite. La lame brillait d’une lueur froide et autour d’elle se dégageait un halo bleuté très claire qui indiquait qu’elle avait des pouvoirs magiques. En effet quand il touchait les personnes celles-ci étaient en plus atteintes de brûlures féroces. L’effet était tel qu’il mettait parfois le feu aux vêtements ou il faisait fondre les équipements plastiques. Kenzo comptait justement utiliser le pouvoir de son arme pour faire chauffer le métal des robots jusqu’à ce que le liquide bout et tue les hommes à l’intérieur. Pour cela il avait besoin de temps et d’une protection rapprochée. Le Kern hors de porté il n’avait d’autre choix que de commencer l’œuvre en espérant mourir le plus tard possible. Tranchant, et esquivant du mieux qu’il pouvait Kenzo reçut tout de même une balle dans les trapèzes. Bien que très superficielle la blessure le faisait largement souffrir et lui permit de se mettre en colère. Une fois la colère impulsée dans ses veines il devenait une véritable machine de guerre sans la moindre émotion. Contre toute attente et avec une force décuplée il se débarrassa de ses adversaires proches et fonça à toute vitesse sur les carcasses de métal. Il enfonça la lame de son épée dans l’articulation la plus proche du corps du robot où se tenaient les humains. Par chance il coupa au passage quelques câbles qui les empêchèrent d’utiliser le bras gauche de la machine. Attendant que son plan fasse effet il sortit une dague et reprit un combat féroce au côté d’un Kern bleu très agile. Son maître avait du mourir au combat car il protégeait désormais Kenzo avec toute sa force et son courage. Il semblait que du côté du camp magique des ordres aient été donné pour protéger Kenzo car d’autre Kerns arrivèrent en renfort. Il s devaient se douter qu’il avait trouvé un moyen de détruire les robots. De toute manière il avait toujours été important en lui-même pour les pouvoirs qu’il était capable de mobiliser. Surveillant du coin de l’œil son propre Kern espérant qu’il ne meure pas au combat Kenzo sourit en voyant le métal des robots commençait à rougir.

« -Eloignez-vous ! Ils pourraient exploser ! »
Le mage entraina avec lui les quatre Kerns qui le protégeaient continuant le combat férocement. Quand un des Kerns mourut et se désagrégea sous ses yeux il sentit la colère de plus en plus forte. Prenant l’arme posée au milieu du tas de poussière il se fraya un chemin jusqu’aux côtés de l’armée magique où il prit le temps d’appeler Sobe.

« -Vous autres ! Faites-en de même ! Ils commencent à fatiguer si nous redoublons de rapidité ils ne pourront réagir à temps ! »

Désormais pour la plupart sur des créatures diverses et surtout rapides les mages continuèrent à s’attaquer de tous les côtés et de plus en plus rapidement aux ennemis. Un alchimiste vint même et à l’aide d’une minuscule catapulte construite par un Kern lança sur les soldats Biots un liquide faisant fondre le plastique. Les armes commençaient à s’enrayer, à fondre et à manquer de munition. Alors que le combat se faisait de plus en plus meurtrier, le premier robot contre toute attente explosa sans prévenir renversant le deuxième et perçant sa coque avec des débris en fusion. L’épée de Kenzo fut envoyée dans les airs puis revint se ficher dans le sol avec force s’enfonçant jusqu’à la garde. Le combat était proche d’être gagné et le général ennemi, reconnaissable car avec une arme plus technologique encore et vêtu d’une armure assistée complète donnait l’ordre de rentrer. Sa dernière action fut d’ailleurs de prendre une grenade et de la lancer parmi les mages qui couraient à leur poursuite. L’explosion souffla son casque déjà fêlé et Kenzo à deux pas de cette personne se retrouva face à une jeune femme à la longue chevelure rousse. Comme paralysé par son regard de jade il s’immobilisa la regardant fixement. La jeune fille s’approcha d’un pas lourd et ils se dévisagèrent longuement sans un geste agressif avant qu’elle ne s’enfuit en courant avec le reste de ses troupes arrivé à son niveau.

Les mages se rassemblèrent une dizaine de minute plus tard au centre de la cuvette se regardant avec un air sombre. Ils avaient encore perdu beaucoup d’entre eux, et de nombreux Kerns étaient morts aussi. Ils avaient peur qu’à force cela créer un refus de la part de ces derniers d’obtempérer. Se soignant mutuellement ils finirent par se convaincre qu’ils avaient fait du mieux qu’ils pouvaient et que la destruction des robots étaient une aubaine.
Après cette courte discussion chacun repartit de son côté laissant les Kerns repartirent aussi. Quelques Kerns restaient seuls ne sachant quoi faire, et des animaux s’enfuyaient en courant perdus sans leurs maîtres. En effet, souvent les liens entre mage et animal pouvaient altérer l’esprit de celui-ci et en quelque sorte le rendre dépendant. On appelait les mages qui créaient ces effets des dresseurs. Kenzo repéra son Kern d’un coup d’œil et vint le remercier et le féliciter d’une bonne bourrade. Il remercia aussi du regard le bleu qui l’avait aidé. Il proposa à tous les Kerns perdus de le suivre alors vers un endroit qu’il avait fondé il y avait très longtemps où ils pourraient se retrouver dans une grande communauté à la base uniquement composées de Kern, maintenant accueillant tous types de mages.

Bien que se déroulant sans encombres notoires, le chemin jusqu’à la ville parut très long à Kenzo. La blessure qu’il avait reçue à l’épaule le fit tant souffrir qu’il eut d’un mal à tenir Sobe qui n’était pas d’un naturel obéissant. D’ailleurs l’animal s’amusa tant et si bien de son maître que c’est finalement un kern, le kern rouge qui vint récupérer les rênes et l’arrêta d’un coup sec. Loin d’en s’en arrêter à si peu, il monta en selle derrière Kenzo le tenant d’un bras ferme pendant que de l’autre il guidait l’animal soudainement calme selon les instructions de son maître.
Le chemin se fit dans un silence pesant, tant à cause de l’état de choc de certains Kerns que de leur naturel solitaire –tout du moins sur la Terre, car nul ne pouvait dire ce qu’il en était dans leur propre monde-. Ils arrivèrent le lendemain en fin de soirée après plus d’une journée de cheminement à travers la campagne rase et quelques terrains dévastés. La ville des Kerns, ou plutôt la capitale du monde magique, Natio de son nom, était située sur une ancienne route et ses alentours qui s’enfonçaient dans un rare bois assez touffu et bien conservé. Il y avait aussi un petit étang, rien de grandement impressionnant de plus l’eau de ce dernier était complètement rongée par la poussière et la pollution indécrottable depuis l’apocalypse. Fondée précisément sous les décombres d’un pont, la ville avait largement grandi et maintenant, les habitations s’accrochaient en hauteur sur la paroi des piliers et le plafond fait par le pont. Le travail dont les Kerns étaient capables était réellement impressionnant, et solide par la même occasion.

Une fois en ville les nouveaux Kerns se firent accueillir avec joie pendant que Kenzo s’éloignait doucement des festivités pour rejoindre la demeure d’une dame qu’il connaissait bien et qui le logerait sûrement. Pourtant en chemin, alors qu’il s’apprêtait justement à parcourir les derniers mètres, une main puissante qu’il pouvait dire appartenir à un kern sans hésitation s’abattit sur son épaule et le tira en arrière jusqu’à un torse nu, rouge et particulièrement musclé. Le nez contre cette peau douce et chaude Kenzo ne savait pas comment réagir, c’était bien la première fois que ce genre de situation lui arrivait.

« -Maître, je ne vous laisserais pas comme cela. Même si vous pensiez sincèrement m’avoir accordé une liberté mon esprit et moi-même ne pouvons l’accepter en vous sachant blessé ! Vous êtes trop faible pour que vos jambes vous portent réellement. Laissez moi prendre soin de vous je vous prie. »

Ca y était : il avait mis le doigt sur ce qui était étrange : ce kern avait décidé lui-même quelque chose sans concertation et de plus sans l’accord de son maître. Voila qui était très étrange c’était bel et bien la première fois qu’il voyait un kern avec une capacité de décision.

« -Je… Je veux bien, mais cesse de m’appeler maître, j’ai un nom et c’est Kenzo ! Je ne suis pas ton maître, je suis ton égal et je compte le rester ! De plus ne te sens pas obligé de me vouvoyer… Dis-moi… »

Il fronça les sourcils : voila qu’il allait dire une phrase que sûrement personne n’avait jamais prononcé. Que ce passait-il, comment ce kern faisait-il ? Tous les Kerns étaient-ils capables de cette autonomie ou était-il un cas unique ? Dans tout les cas cela n’avait aucune importance : comme il venait de le dire il se sentait à égal avec toutes les autres créatures de la terre

« -Dis-moi quel est ton nom s’il-te-plait !
-Je me nomme Enork »

Kenzo sourit et s’écarta de ce torse fort en silence. Il n’était pas habitué à ce genre de contact : il n’avait jamais touché qu’à des femmes, sauf pour soigner un homme blessé. La proximité presque sensuelle du kern le gênait particulièrement. Se raclant la gorge pour se redonner un peu plus de consistance, il jugea Enork avec un œil presque inquiet : il le dépassait de plus de deux têtes et sa musculature pouvait faire pâlir plus d’une femme. Pourtant, dans son monde, face aux siens, Kenzo était loin d’être à plaindre, au contraire il était même respecté, mais les Kerns ne donnaient pas dans le même niveau.
Enork avait un visage court mais fin –fin pour la norme des Kerns, de même court pour la norme des Kerns- son nez rectiligne était discret et laissait pleinement la vue sur ses yeux noirs plutôt ténébreux et mystérieux. Ses cheveux courts et en bataille lui donnait un air de top model de l’ancien temps que l’on aurait peint en rouge. Il était en un mot magnifique, attirant. Kenzo soupira en levant les yeux au ciel. Avec cet homme à ses côtés son amie ne voudrait pas de lui mais bel et bien du kern obligeant l’invoquant à se faire une place dehors dans la rue. Il n’avait pas le choix, les idées noires de son ancienne partenaire allaient l’obliger à prendre une chambre dans une auberge. Cela le gênait car il n’avait à vrai dire que de quoi se payer une nuit pour une chambre, après ça il n’aurait plus de quoi leur payer à manger et de quoi les soigner.

« -Enork… Aller viens, suis-moi nous allons aller dans une auberge, nous pourrons nous y reposer à notre guise !
-Je pourrais vous soigner surtout monsieur Kenzo… »

Kenzo leva les yeux au ciel à ces mots mais ne dit rien préférant abréger un peu la discussion pour arriver plus rapidement sur un lit. Il traina le grand kern pendant une bonne dizaine de minutes jusqu’à une petite auberge pas trop chère qui s’était montée avec le temps. Il déposa la somme demandé et monta avec son soldat rouge. Le regard de l’aubergiste, un humain, ne l’étonna pas. A vrai dire la prostitution des kerns était devenue monnaie courante pour ceux qui n’avait pas eu un maître riche ou gentil, et de nombreuses femmes, principalement parmi les non-engagés, payaient pour avoir le droit à une nuit avec un de ces êtres immense. Pourtant, jamais de sa vie le tenancier n’avait vu un homme monter avec un kern. De son regard on pouvait déceler du dégout, mais aussi une certaine appréhension, comme s’il pouvait redouter la douleur de tels rapports. Là non plus Kenzo n’intervint pas, car à quoi bon répéter une centaine de fois quelque chose à un homme qui ne changerait pas d’avis ?
Ils se retrouvèrent face à face dans la petite chambre très dénudée. Kenzo enleva rapidement son haut et son kevlar et soupira en se comparant à son compagnon. Celui-ci sans prévenir s’approcha et sortit d’un petit sac de quoi soigner Kenzo. Surpris ce dernier n’eut même pas le temps de réagir et se laissa faire les yeux mi-clos, presque gêné de ses prises d’initiatives à répétition.

« -Bon dès que tu as fini de me soigner je vais dormir d’accord ? Je ne sais pas pour vous les Kerns, mais nous les humains avons beaucoup besoin de dormir et.. »

Fronçant les sourcils il détailla un peu plus Enork

« -Mais ! Tu es sérieusement blessé ! Tu aurais du me le dire, attend que je t’aide ! »

Il prit le matériel de soin et pendant que ce dernier faisant comme si de rien n’était fini ce qu’il était en train de faire, il commença à éponger son torse avec un linge humide ne se préoccupant plus de ce qui l’avait gêné avant. Il pouvait récupérer sur sa peau un peu de poussière. C’était ainsi chez les kerns, toute partie d’eux même qu’ils perdaient était réduite en poussière et il en était de même pour leur sang qui s’écoulait. Se penchant sur la blessure située au niveau de sa clavicule gauche il pressa un peu les bords pour s’assurer que rien n’était piégé à l’intérieur puis désinfecta. Il enroula autour de son épaule et de son torse un long bandage et lui sourit

« -Voila qui est mieux… Si j’avais su plus tôt, je ne… Je ne t’aurais pas laissé me soigner !
-Pourquoi ?
-Parce que tu passes avant moi Enork ! Je t’ai arraché à ta terre natal pour t’envoyer dans un combat auquel tu ne devrais pas être lié, je t’ai forcé à te battre et tu as été blessé, c’est entièrement de ma faute. Je suis désolé que tu ais du subir tout cela. Je te renverrais demain chez toi !
-NON !
-Quoi ? Mais… Pourquoi ?
-Je veux rester sur la Terre maître. Si nous partons c’est que nous acceptons de le faire, et revenir c’est aussi revenir sur une promesse un pacte… C’est une honte ! »

Il baissa les yeux et s’éloigna de Kenzo silencieusement

« -Vous pouvez dormir je veillerais sur votre sommeil…
-Je suis désolé je ne savais pas… Je… Je t’en prie, repose-toi aussi, prenons chacun une moitié du lit
-Cela vous gênerait !
-Quoi mais pas du tout ! Je ne suis pas aussi à cheval sur mon confort tout de même !
-Je ne pas dire dans ce sens… C’est juste que… Vous ne semblez pas trop apprécier ma présence
-… Au contraire Enork, je t’apprécie… C’est… Un stupide réflexe purement humain… Viens dormir il le faut, demain nous devrons repartir, et je veux que tu te remettes de ta blessure… C’est rare qu’un kern le soit, alors… Cela m’inquiète.
-Merci maître, mais ne vous en faites pas pour moi ! Mes seules envies sont votre bonheur et votre bien être, je suis ici pour cela… »

Kenzo soupira mais ne répliqua rien, bien trop fatigué pour bouger et s’énerver. Il se laissa tomber dans le lit deux places, et se roula jusqu’à gauche avant de se mettre sous les couvertures en soupirant. A peine eut-il fermé les yeux que le kern se fit de nouveau entendre.

« -Maitre, vous feriez mieux de quitter vos vêtements, sinon vous allez tâcher les draps et vous ne vous sentirez pas bien.. »

En grommelant ce dernier enleva son pantalon qu’il envoya par terre et s’endormit sans plus attendre. Le kern veilla quelques instants puis à son tour alla se coucher en sous-vêtements sur le lit, ne se préoccupant pas de prendre des couvertures. Il observa un moment la tête de Kenzo qui dépassait à peine des draps, puis, les mains sous sa nuque il finit par s’endormir, calé contre le mur.

Pourtant, pendant la nuit, gêné par sa première impression que même les paroles du mage n’avaient su faire passer, Enork se leva pour aller se coucher à même le sol, près de la porte d’entrée, pour parer à toute éventualité. Kenzo n’avait vraiment pas l’air d’apprécier sa présence, même durant son sommeil il semblait agité. Le kern en était un peu attristé mais préféra se taire, après tout Kenzo était son maitre.

Le lendemain matin, Kenzo fut debout aux aurores et en meilleur forme il put prendre soin lui-même de sa blessure. Il prit aussi le temps de se doucher pour enlever les résidus de la bataille : poussière et sang accrochés à sa peau. Quel ne fut pas son plaisir quand l’eau coula sur ses cheveux et le long de son corps le débarrassant de toute la crasse qui le recouvrait depuis deux jours. Il resta longuement sous la petite installation d’avant-guerre, se prélassant malgré la qualité de l’eau. Il savait en effet parfaitement que les eaux qui passaient dans les anciennes canalisations étaient à la fois pleines de différents produits chimiques et très irradiées. Mais il préférait nettement se laver prêt à oublier de se préserver contre l’apparition d’un troisième bras au milieu de son ventre.
Quand il sortit enfin du coin servant de douche il tomba nez à nez avec le kern qui était en train de préparer toutes les affaires. Il se retint de proférer une remarque désobligeante ne comprenant toujours pas pourquoi ce kern avait une volonté propre et aucun des autres. Cela ne rimait à rien ! Il leva les yeux au ciel, et surtout les détourna de l’immense masse rouge qui s’activait en silence, semblant ne pas se soucier de ce qui l’entourait. Ce kern, il était comme son esclave, pourtant, jamais Kenzo ne l’avait demandé. Etait-ce donc la vérité ? Qu’une fois un kern invoqué il devenait comme esclave ? Quelle idée étrange de se laisser invoquer alors. Et les Kerns qu’il avait révoqués dans le passé, avaient-ils subi des blâmes par sa faute ? Il avait toujours pensé leur faire du bien en les renvoyant chez eux, peut être était-ce faux.

Il regarda le géant rouge face à lui et soupira longuement

« -Bon écoute, on n’a pas de quoi manger pour ce matin on va devoir quitter la ville, enfin, moi en tout cas je quitte la ville… Je vais aller chasser dans la nature de quoi me nourrir, je ne veux pas prendre de l’argent à des commerces qui ont déjà du mal à tourner !
-Je comprends parfaitement maître, je vais vous accompagner, je suis sûr que vous trouverez une utilité à ma personne ! De toute manière vous êtes encore blessé, vous risquez de mourir à tout moment si vous tombez sur une patrouille ennemie !
-C’est vrai… Si un Biot me voit je suis bon pour me faire tuer à vue… Mais comment tu sais tout cela ?
-Nous communiquons entre nous…»

Kenzo n’était pas vraiment satisfait par la réponse mais il savait pertinemment qu’aucun Kern ne répondrait à sa question. Il haussa les épaules et passa sur son dos le petit sac avant de quitter la salle sans un bruit. Il n’avait pas envie de répondre à cela, de toute façon, la présence même du Kern semblait le fatiguer. Il descendit rapidement les escaliers et son regard tomba sur l’aubergiste qui racontait à des gens quelque chose à voix basse, l’air moqueur.

« -Vous avez passé une bonne nuit monsieur ? »

L’homme s’était redressé et le regardait depuis son petit bar avec un grand sourire. Les gens autour de lui essayaient de jeter discrètement quelques coups d’œil mais c’était peine perdu, Kenzo avait bien remarqué leur manège.

« -J’ai bien dormi si c’est ce que vous voulez dire…
-Bon… Bien, je peux vous servir quelque chose à manger ?
-Pas la peine je m’en vais ! »

D’un geste rageur, il remit son sac sur son épaule et quitta en trombe la pièce sombre. Une fois dehors sous le soleil de plomb il siffla violemment Sobe qui ne se fit pas prier, sachant parfaitement que son cavalier en colère était une vraie peine à supporter.

Le mage mit rapidement sur le dos du bzadra tout son matériel et se mit en selle. Le kern se présenta à la porte peu après et fit l’intéressante remarque qu’ils ne pourraient pas monter tous les deux sur le dos de l’animal sinon celui-ci se fatiguerait très vite. Kenzo leva les yeux au ciel mais savait comment il allait s’y prendre pour trouver un deuxième bzadra sans le voler ni le payer. Il descendit du dos de Sobe et mit à terre tout l’équipement.

« -Vas Sobe, trouve-toi une partenaire dans la nature et ramène la ! Mais fais vite ! Je veux te revoir avant midi ! »

L’animal regarda son maître avec surprise mais partit rapidement au galop pour ne pas laisser à ce dernier le temps de changer d’avis

« -Bon on va devoir attendre !
-Pas tout à fait ! »

Kenzo fit volte face surpris et se trouva nez à nez avec un jeune mage à l’air pressé

« -Que se passe-t-il ?
-On m’a demandé monsieur de vous donner cette lettre ! »

Kenzo la prit d’un geste rapide et l’ouvrit.



Maître mage,

Nous vous avions déjà parlé d’un pressentiment de magie en territoire biot, et nos prédictions se sont réalisées. Un éclaireur finement choisi et envoyé sur le terrain a trouvé une faille. Nous ne pensons pas que la faille soit à l’origine des flux magiques, au contraire, quelque chose derrière elle pourrait en être l’émetteur, quelque chose de très puissant qui nécessite notre attention au plus vite. Si cette chose est vivante ou que c’est un artefact aux pouvoirs immenses nous ne pouvons nous permettre de le laisser tomber entre les mains de ces destructeurs.

Nous vous savons parfaitement à l’écoute de ce genre de problème majeur. Vous êtes aussi le meilleur soldat et le meilleur mage que nous ayons, c’est pour cette raison que nous vous demandons de faire cela pour nous.

Rendez-vous sur le terrain, sur le lieu précisé sur la carte ci-jointe et vérifiez d’où viennent c’est flux.

Nous comptons sur vous

Le conseil


Le conseil, encore le conseil et toujours le conseil. Depuis que ces mages s’étaient réunis pour soit disant organiser la défense de toute la population magique ils n’avaient de cesse de devenir de plus en plus prétentieux et pompeux. Pourtant, la plupart du temps leurs prévisions étaient justes et à respecter ! Il n’avait vraisemblablement pas le choix. Et si vraiment la source magique était aussi forte, il se devait pour lui-même d’y aller

« -Bon, nous allons devoir attendre le retour de Sobe, mais nous prenons cette mission, merci !
-Non merci à vous monsieur Kenzo, le conseil vous en sera reconnaissant ! Et tout le peuple magique aussi il se peut
-Il se peut…
-Que le vent vous guide Kenzo, puissiez vous toujours marcher dans l’ombre de la mort et non dans sa lumière
-La mort survient quand elle le décide mon ami, et je ne suis pas décidé à l’affronter toute ma vie, quand elle aura décidé de me prendre je ne lutterais pas vainement
-Ce jour sera là un jour de deuil alors ! »

Le jeune s’en alla après avoir fait un salut respectueux et pendant ce temps là le kern s’était approché

« -Si je puis me permettre maître, je serais votre rempart contre la mort… »

Il tourna vivement la tête vers Enork mais fut rapidement surpris de la sincérité de son regard. Il fallait croire qu’il pensait réellement ce qu’il disait ! Perdu Kenzo soupira et s’assit par terre dans un coin. Ce Kern était étrange…
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Kenzo
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